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RTS - DES MASTERS SUR LES ONDES
UNE HISTOIRE D'AMOUR ET DE GUERRE





HEMU Grotte 2, Utopia 1 - Lausanne (Switzerland)

Thursday, 6th February, 2020 | 6 p.m.


Simone Spadino Pippa, violinist

Stephanie Gurga, pianist


BRITTEN — Violin Concerto no 1, op. 15


The Concerto was born out of friendship against a backdrop of war. That of the Spanish violinist Antonio Brosa with the English composer Benjamin Britten exiled in the USA. Its first performance was given in New York in 1940 when the Second World War had just started when the Spanish Civil War was barely over.


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Thèse de Master, par Simone Spadino


Le cadre historique


Le 3 septembre 1939, l’Angleterre déclara la guerre à l’Allemagne. En étant un pacifiste et un artiste créatif qui avait besoin de liberté expressive, et comprenant l’hostilité qui aurait pu vivre dans l’Angleterre de la Deuxième Guerre Mondiale, au mois de mai 1939, Benjamin Britten quitta son pays pour l’Amérique avec son partenaire, artistique et sentimental, le ténor Peter Pears. Avant même le déclenchement du conflit mondial, la Guerre Civile Espagnole, vue comme une répétition générale de la grande guerre internationale, avait aiguisé l’esprit “anti-guerre” du jeune compositeur.

En 1936, Britten joua en qualité de pianiste sa Suite op. 6 avec le talentueux violoniste espagnol Antonio Brosa pour l’ “International Society of Contemporary Music Festival” (ISCM) à Barcelone, un des théâtres de la guerre d’Espagne. Dans le même festival, Britten eut l’occasion d’assister à la Première Mondiale du Concerto pour Violon et Orchestre de Alban Berg (“concerto-as- requiem”), qui se révéla ensuite une précieuse source d’inspiration pour le compositeur anglais; en effet Britten en étudia le matériel musical et en calqua la même intention commémorative sur sa composition: le troisième mouvement de son “lourd” (“big heavy- weight”) concerto a été dédié à tous les combattants anglais tués par les forces fascistes en Espagne.
Le concerto pour violon de Britten fut joué pour la première fois en 1940 par la New York Philharmonic Orchestra, quand la Guerre Civile en Espagne était déjà terminée et la Deuxième Guerre Mondiale venait de commencer. Cependant, le parcours pour la Première avec NYPO fut tortueux. Article de “L’Intransigeant” concernant l’état de guerre de Angleterre et France avec l’Allemagne. Benjamin Britten avec le compositeur américain Aaron Copland et Peter Pears Le Directeur Artistique John Barbirolli engagea Brosa pour jouer le concerto de Berg. Plus tard, Barbirolli apprit que la pièce avait été déjà exécutée à New York en 1937 par Louis Krasner avec la Boston Symphony Orchestra dirigée par Serge Koussevitzky. Par conséquent, Barbirolli pensa au Concerto pour Violon de Nikolai Myaskovsky (joué pour la première fois en 1938 à Léningrad); choix qui fut exclu à cause de l’accroissement des tensions entre États-Unis et URSS. Brosa enfin suggéra le Concerto écrit par son ami Britten et il le joua pour Barbirolli à Londres, en Août 1939, accompagné au piano par Henry Boys (professeur de Benjamin Britten au “Royal College of Music” et dédicataire de la partition). Barbirolli en fut enthousiaste: bientôt il organisa la Première Mondiale du Concerto de Benjamin Britten pour le 28 Mars 1940.

Le Concerto en bref

Date de composition

Novembre 1938 - Septembre 1939


Toutes les éditions

1950 - 1954 - 1965


Dédicataire de la partition

Henry Boys (un des compositeurs de la “English Opera House”)


Les trois mouvements

1) Moderato con moto - Agitato - Tempo Primo
2) Vivace - Animando - Largamente - Cadenza
3) PASSACAGLIA: Andante Lento (Un poco meno mosso)


Première Mondiale

~ 28 Mars 1940 ~
• Antonio Brosa - violon
• John Barbirolli - direction
• New York Philharmonic Orchestra

L'effectif

Instruments à vents

• 3 Flûtes (II et III double piccolo)
• 2 Hautbois ( II hautbois double cor anglais)
• 2 Clarinettes
• 2 Bassons
• 4 Cors
• 3 Trompettes
• 3 Trombones
• 1 Tuba


Percussions

• Timbales
• Glockenspiel
• Cymbales
• Triangle
• Grosse Caisse
• Caisse Claire
• Fouet
• Tambour Ténor


Instruments à cordes

• Violons
• Altos;
• Violoncelles;
• Contrebasses;
• Harpe.

Les Mots du Compositeur


Britten écrivit une brève analyse de son concerto pour violon pour l’Aldeburgh Festival en 1971


“The first movement starts with a tiny phrase for timpani, answered by the cymbal. This becomes the accompaniment for the first long tune on the violin solo, reappears many times during the movement, and finally accompanies a melodic cadenza descending slowly from the violin’s highest notes, in double- and-triple-stopping. There is a pleading middle section in the acrobatic Vivace, after which the previous material appears softly and muted. There is a slow crescendo to a tutti which introduces a cadenza. This leads directly to the Passacaglia, of which the theme is announced by the trombones.”

Benjamin Britten

La partition



Le concerto commence avec une figure rythmique percutante confiée aux timbales: répétée au début pour trois fois dans un crescendo qui conduit au forte, elle constitue le leitmotiv pendant tout le premier mouvement. Le soliste entre en chantant une mélodie vernale indiquée comme “dolcissimo ed espressivo”. L’orchestre poursuit avec l’accompagnement rythmique en soutenant le climax sonore du Violon Solo. La phrase musicale devient de plus en plus animée et amène à un développement mélancolique et mystérieux, à la suite duquel le thème initial est joué par les violons de l’orchestre, tandis que la figure rythmique est exposée par le soliste. La coda, obsédante et perturbante, termine avec des harmoniques au goût éthéré et magique.

Sans attendre, un élan de l’orchestre (ou du piano) ouvre le deuxième mouvement, un Scherzo extravagant et ironique. Le soliste commence en jouant un rythme dansant qui, bientôt, se transforme en une mélodie caractérisée par la grande virtuosité. La section centrale présente un esprit nouveau: la phrase musicale serpente entre des passages expressifs, d’un côté, et exotiques, de l’autre. Les mêmes éléments sont repris par l’orchestre toute entière dont la puissance sonore augmente jusqu’à l’entrée soudaine et brusque du Violon Solo qui commence sa cadence.

La cadence reprend les mélodies exotiques présentées le long du deuxième mouvement qui, bientôt, se transforment en cédant la place aux thèmes typiques du premier mouvement. Le motif initial des timbales est repris en devenant un crescendo obstiné qui conduit à une paisible lamentation; une rapide succession d’arpèges du Violon et les gammes des trombones préannoncent l’arrivée de la Passacaglia.

Le troisième mouvement a les caractéristiques typiques de la passacaglia: une composition d’origine espagnole caractérisée par une multitude de variations qui s’érigent sur une basse obstinée. Au début, le thème principal de la Passacaglia est entonné par les trombones et sera repris successivement par la section des cordes. Le caractère sombre et funèbre de ce dernier mouvement est lié à la présence de gammes chromatiques ascendantes et descendantes qui en définissent la forme. La basse obstinée devient la base pour une variété d’épisodes contrastants (une intense conversation entre le soliste et le piano, grande nostalgie Mahlérienne, souvenirs d’une ancienne valse, fanfares), chargés d’une émotivité extraordinaire. Dans l’atmosphère crépusculaire de la coda, le Violon Solo joue les notes les plus aiguës sur la corde la plus grave de son instrument, en créant une sonorité très profonde, et termine avec un trille suspendu entre mode majeur et mode mineur (lumière et obscurité).

Les éléments techniques du Concerto



Le Concerto op. 15 de Britten est considéré comme une des compositions les plus difficiles du répertoire pour violon. Puisque le compositeur se consulta avec son ami espagnol Antonio Brosa, virtuose de l’instrument, la pièce présente des difficultés techniques presque insurmontables qui ne peuvent être abordées que par les musiciens les plus préparés. Ce concerto est donc le résultat de l’amitié entre un formidable violoniste et un compositeur qui, avec son travail, a profondément influencé la musique du XX siècle; période souvent appelée “l’âge d’or du violon”.



• Extension des doigts

L’extension des doigts est une technique très commune et a été utilisée par les plus grands violonistes de tous les temps (Paganini, Vieuxtemps, Sibelius, ecc).

• Doubles cordes

Doubles cordes ont été utilisées pour la première fois par Francesco Geminiani et, bientôt, sont devenus un élément récurrent dans le répertoire pour violon. Vieuxtemps, Paganini, Brahms, Sibelius, Prokofiev, eccetera les ont largement utilisées dans toutes leurs compositions.



• Octaves

Britten a utilisé aussi les octaves pour faire admirer encore une fois les grandes capacités de son ami Antonio Brosa, talentueux violoniste espagnol. Pour exécuter la gamme chromatique descendante en octave, le soliste doit connaître exactement les distances entre les doigts utilisées.

• Tierces et Sixtes

Jouer les tierces et sixtes ne représente pas un obstacle insurpassable. Toutefois, le tempo Vivace du deuxième mouvement rend plus risquée l’exécution du passage.

• Dixièmes

La virtuosité du concerto de Britten augmente avec la présence des dixièmes.

• Harmoniques

Pour exécuter les harmoniques, sur le violon et tous les instruments à cordes, il faut avoir une grande sensibilité des doigts de la main gauche et une remarquable dextérité de la main droite pour contrôler la pression de l’archet sur les cordes. Dans le concerto de Britten, la difficulté de cette facette technique devient considérable à cause du tempo Vivace du deuxième mouvement et pour l’introduction des doubles harmoniques.

• Pizzicato

Benjamin Britten introduit des nouveautés techniques dans son concerto pour violon. En effet, il utilise le pizzicato dans toutes ses nuances possibles. Le compositeur utilise le pizzicato de la main gauche pour créer des effets spéciaux ou pour ajouter une autre voix à la mélodie principale.

La bibliographie


• An Analytical Study of the Britten Violin Concerto, Op. 15 - Shr-Han Wu, University of South Carolina (2017);

• “The Cambridge Companion to Benjamin Britten”, edited by Mervyn Cooke - Cambridge University Press (1999);

• Benjamin Britten: Concerto for Violin and Orchestra, Op. 15; Solo Violin part (revised part) - Boosey & Hawkes Music Publisher Limited (1958);

• Benjamin Britten Violin Concerto - Orchestra score;

• “A Tale of Love and War: Britten’s Violin Concerto” - Houston Symphony (16/01/2019);

• Benjamin Britten Violin Concerto, Op. 15 - New York Philharmonic Orchestra: Notes on the Program by James M. Keller (Program Annotator), The Leni and Peter May Chair (11/2018);

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